La tribune du Jelly Rodger, journal de propagande poétique est un journal semestriel publié depuis mars 2013. A l’initiative de la graphiste-illustratrice Éloïse Rey, sortie des Arts décoratifs de Strasbourg et du poète Seream, de son vrai nom Sébastien Gaillard, le journal se revendique « laboratoire d’expérimentation poétique » et prône les jeux graphiques et de langage ainsi que la dérision à toute épreuve. Le nom donne le ton d’emblée, Jelly Rodger, d’après le nom du drapeau pirate Joly Rodger dans l’Île au trésor de Stevenson, lui-même issu d’une déformation du français Joli Roger ; les jeux de mots, l’humour potache et les aller-retours entre les langues témoignent du caractère léger du projet. Tiré aujourd’hui, pour son 6e numéro, à 1500 exemplaires, Le Jelly Rodger est, à l’origine, un spectacle qui a donné l’envie à Seream de créer une publication de poésie contemporaine ovni, en association avec Éloise Rey, avec qui il avait déjà collaboré. Le journal est auto-édité par le poète et son association une poignée d’loups en laisse qui agit en faveur de la poésie « contemporaine, libre et vivante » en organisant des spectacles, ateliers, lectures et interventions auxquels manquait une publication périodique.
Diffusé dans des festivals, bibliothèques et librairies spécialisées, le journal est tiré en deux couleurs et invite des poètes, écrivains, graphistes et illustrateurs à expérimenter des formes graphiques et littéraires. On a donc ainsi des rubriques telles que l’éditopinambour, l’éditopless ou encore l’éditornade, l’horoscopinage, des dictions (dictons compliqués à prononcer), des nouvelles (un plan à Troyes), des jeux, des haïkus (« seules lignes sérieuses du journal»(idem), mises en images sous formes de rébus, bandes dessinées, illustrations, expérimentations typographique, cartes ou encore calligrammes.
Parmi les illustrateurs invités, on trouve des auteurs émergents encore inconnus tels que Mathieu Zanelatto ou Juliette Léveillé, et des plus aguerris, déjà publiés, comme Guillaume Chauchat ou Nicolas Pinet. Parmi les écrivains poètes, on trouve par exemple Remy Leboissetier (également à l’image), Florent Toniello, certains sous des pseudonymes obscurs tels que Blanche Nijinski ou Élie Rodgeronimo.
Ce journal dénote par sa forme pauvre mais à l’esthétique travaillée et à la publication peu fréquente qui en fait un objet précieux. Son statut même de journal, objet à usage à court terme, qu’on donne ou oublie dans le métro, mais à la fois diffusé de manière assez confidentielle (festivals d’édition ou de poésie, spectacles et librairies spécialisées) en fait un objet auquel on ne sait pas trop quel statut donner, à la fois objet de lecture pour passer un bon moment à rigoler, mais aussi recueil d’images à afficher, observer, qu’on a envie de conserver.
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