La revue anglaise Baseline paraît pour la première fois en 1979 à l’initiative d’Esselte Letraset. Cette entreprise, spécialisée dans les arts graphiques, désire promouvoir son intégration dans l’actualité de la création typographique auprès de ses clients. La publication s’adresse à un lectorat de professionnels et amateurs éclairés.
Mike Daines, typographe à Letraset, y tient le rôle d’éditeur et de designer. Afin de fidéliser ses lecteurs et d’affirmer la crédibilité et la singularité de Baseline, il sollicite des contributeurs tels que Milton Glaser, Ed Cleary, Darrel Ireland, Mo Leibowitz ou Erik Spiekermann. Ce dernier est à l’initiative de contributions relatives aux évolutions techniques comme l’émergence des imprimantes laser personnelles. 1 Baseline a la particularité de proposer une contextualisation culturelle et historique de sujets abordés sous l’angle de la technique.
Le huitième numéro est le premier à être imprimé en couleurs et paraît en 1986. À ce moment, Colin Banks et John Miles (Banks & Miles) prennent la direction de la revue et l’ouvrent à davantage de contributions extérieures. Ils invitent ainsi Sir Terence Conran, Paul Smith, Tibor Kalman ou Ralph Steadman à montrer une sélection de leurs spécimens favoris dans une rubrique intitulée Desert Island Type. La multiplication de ces invitations fait de Baseline un vecteur important de diffusion de la création typographique de l’époque, tout en continuant à promouvoir Letraset.
10 ans plus tard, la société Bradbourne Publishing Limited — Hans Dieter Reichert et Mike Daines — rachète le titre. Respectivement directeur et éditeur, ils travaillent à élargir la diffusion de Baseline en créant le site Web officiel de la revue dès 1995. Le périodique, désormais détaché de Letraset, affirme de plus en plus ses enjeux critiques, historiques, documentaires. Les contributions sont désormais moins liées au champ technique de la typographie qu’au design graphique, suivant l’évolution et la rencontre de ces disciplines. En témoignent les propositions d’Alan Fletcher, de Colin Brignall et de David Ellis qui favorisent la publication de travaux de recherches (croquis, documents illustrant le processus de création, etc.) Pour fidéliser ses lecteurs, l’équipe éditoriale publie fréquemment des documents inédits comme les «dessins disparus» du typographe McKnight Kauffer. 2
L’exigence et la diversité des contributions font de Baseline une revue aux approches variées tant historique, documentaire, critique, technique, expérimentale que promotionnelle. Elle a alimenté la vitalité de la discipline pendant plus de 35 ans, et devient aujourd’hui un outil précieux pour les chercheurs.
Baseline est un des rares exemples d’imprimé consacré à la typographie, continuant aujourd’hui d’alimenter la critique de la discipline et sa transmission. Aujourd’hui, alors que la diffusion de la création typographique passe principalement par les sites Web des dessinateurs de caractères et fonderies, les débats critiques de la discipline sont, quant à eux, principalement diffusés dans les revues imprimées, ce qui constitue la singularité de Baseline.
1. | ↑ | «Lucida, the first typeface for laser printers», Kris Holmes, Baseline 6, 1985 |
2. | ↑ | «The «Lost» Labels of E. McKnight Kauffer», Mike Daines, Baseline 20, 1995 |